Oui, je me suis « abrutie » devant Friends (partie 2)
Pour certains parents, grand-parents, frères ou sœurs, c’est une évidence, Friends est une série qui abêtit.
Les rires enregistrés (uniquement en Version française), les acteurs qui gesticulent accompagnés d’injections parfois criardes ; les scénarios pauvres, le manque de subtilité et les prénoms américains bien exotiques des protagonistes répétés à plusieurs reprises (« mais enfin Rachel ! », « Quoi Phoebe ? » « Joey est au courant mais ne le dis pas à Chandler et surtout pas à Ross ! ») exercent sur notre entourage un profond sentiment d’exaspération (« c’est bête ces rires ! ») et d’incompréhension vis-à-vis de la culture et des mœurs en provenance d’Outre-Atlantique (« ah ces américains ! Ils vident toujours le frigo ! Ils mangent à n’importe quelle heure ! et pourquoi elle s’appelle Monica celle-là ? Elle a quoi contre le prénom « Monique » ?).
Au passage, vous imaginez Friends avec les prénoms de nos six héros « franchisés » ?
Rachel, Monique, Phébé, Joseph, Chand-elier (!?) et Ross (#404 ERROR# non trouvé équivalent français pour Ross). Moui…
Alors oui, si je me suis cultivée devant Friends (pour ceux qui doutent encore, je vous renvoie à la première partie de l’article), c’est seulement au bout d’une centaine d’épisodes que je m’en suis aperçue ; car avant que l’esprit critique ne s’éveille, mon rire d’âne raisonnait dans le salon, exposant mes dents ornées d’un magnifique appareil, un morceau de Crunch sûrement échoué sur une bague.
Oui mais comment ne pas être tentée de laisser son cerveau dans son Eastspack devant le spectacle de Rachel et Monica qui se disputent les faveurs de Jean-Claude Van Damme à base d’échanges verbaux, de pichenettes, de « catfight » et de sac tartiné à la sauce bolognaise en guise de vengeance ?
Activez les manettes de votre fauteuil-relax en cuir noir et procrastinez avec Joey et Chandler. Pizzas et bières vous attendent dans une glacière tandis que la sonnerie du micro-ondes vous annonce le début d’Alerte à Malibu. Attention aux secousses : un déménagement impromptu, un meuble mal construit, la perte d’un baby-foot, un cambriolage (presque) consenti et l’insoutenable présence d’une petite-amie trop sexy sont susceptibles de briser les liens entre vous et votre colocataire. Quitte à se retrouver enfermer de son plein gré dans le placard d’une étagère ou à l’intérieur d’une boîte qui sert pour le déménagement !
La mâchoire gavée de Toblerone, soyez de tout cœur avec Ross, prisonnier sur le toit d’un immeuble avec Joey ou dans un costume de lézard (il est paléontologue hein !) ou dans un pantalon en cuir et qui commet l’affront suprême de confondre le prénom de sa femme avec celui de son ex le jour de son mariage au moment de l’échange des vœux !
Concernant votre vie sentimentale, si un jour vous devez échapper à un(e) ex qui vous harcèle, au lieu de lui dire tout naturellement qu’elle n’est pas faites pour vous, testez sa crédulité en prétendant que vous venez d’être muté au Yemen ! Si un jour vous sortez avec une femme qui se laisse volontairement tondre les cheveux par votre ex, un homme trop jovial qui vous force à manger une huître alors que vous êtes végétarienne, un sportif qui porte des shorts trop larges (sans dessous), Sean Penn qui vous trompe sans le savoir avec votre jumelle, votre secrétaire de 25 ans qui vous offre une trottinette pour votre trentième anniversaire, l’ex de votre coloc qui porte une jambe de bois, ou le fils de votre ex-copain de 50 ans, ou un lycéen de 17 ans, c’est simple ! larguez-les au bout de 15 minutes d’épisode, ils ne sont pas sortables !
Le plus amusant est que la série elle-même nous renvoie à notre posture de loque. Ainsi l’épisode de la saison 5, « Celui qui jouait à la balle » – sans doute une des meilleurs épisodes de la série – met en scène les personnages qui passent une journée entière à se renvoyer une petite balle bleue sans enjeu particulier. Mise en abîme pertinente où nous observons les personnages s’adonner à une activité stérile jusqu’à ce que Phoebe décide d’y mettre brutalement fin. Arrêtons de perdre notre temps et faisons des trucs plus intéressants.
Que retenir de tout cela ?
C’est une déclaration d’amour à la comédie que je fais en consacrant ces deux articles à Friends ; une excellente série-sur-canapé divertissante qui a maintenant passé le cap des 20 ans. Les gags et les rebondissements sont pour la plupart grossiers, mais servent à tenir un propos ou une réflexion qui sont toujours autant d’actualité.
Et puis, relevons un peu le niveau de « Friends » en rappelant que les aventures de nos New-Yorkais préférés étaient contrées par « Le Groupe ».
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