Les bronzés : « Il a fait bib bip, on a fait meuh »
Sorti en 1978, les Bronzés est un film de Patrice Leconte, dont un raccourci un peu rapide pourrait nous amener à croire qu’il s’agit d’une comédie. En réalité, il n’en est rien. Si la première partie du film s’apparente en effet à une succession de gags (confusion dans les cases, bizutage des nouveaux arrivants, piments trop forts, etc), la seconde partie ne nous épargne aucun moment dramatique.
C’est tout d’abord au travers des yeux de Bobo (Luis Rego), que l’on sent les prémices d’un mal de vivre qui gagnera peu à peu les autres personnages.
G.O du club Med, Bobo est de prime abord l’incarnation de la joie et de la bonne humeur. Jamais le dernier à rire, il aime se travestir et écrire des sketchs pour amuser la galerie. Mais au fond de lui, il cache un lourd secret. Il a jadis travaillé dans une entreprise, sous sa vraie identité : celle de Georges Pelletier. Cet effroyable souvenir remonte à la surface lorsque Gigi (Marie Anne Chazel) le reconnaît malgré sa perruque et son maquillage. L’air grave, Bobo lui confie que tout ça remonte à bien longtemps et qu’il ne souhaite pas remuer le passé. Un aveu qui inspire à Gigi cette réflexion poignante « C’est humide, j’ai froid au cul ».
Malheureusement pour Bobo, le présent ne se révèle pas plus heureux que le passé puisque les sketchs qu’il écrit, en particulier l’hilarant sketch de la valise ne rencontre aucun succès auprès du public exigeant du club Med. C’est que Bourseault (Michel Creton), un comique qui commence à percer à Paris lui ravit la vedette, notamment auprès des femmes.
Plus tard, c’est au tour de Jérôme, (Christian Clavier), de broyer du noir devant un lac-décharge à ordures selon Nathalie (Josiane Balakso). Tourné vers l’horizon et les « fesses à l’air », toujours selon la même, il se met à réciter « Azur » de Saint John Perse, sur un ton où pointe la mélancolie. Du côté de Popeye (Thierry Lhermitte), là encore rien ne va plus puisqu’il vient de découvrir l’adultère de sa femme. Rongé par le chagrin, il tente de comprendre comment son couple a pu en arriver là. Oui, comment ?
Mais c’est à la toute fin du film que l’on bascule véritablement dans le drame. Alors qu’il interprète son sketch favori pour faire rire ses camarades, Boursault meurt, piqué par une raie. Comme l’explique ensuite Bobo à Gigi « Il a fait bib bip, on a fait meuh, il a coulé à pic ».
La mort a fauché en plein vol celui qui suscitait admiration et envie, passion et haine.
Peut-être est-ce là le prix de la reconnaissance…
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